Groupe de travail sur l’inclusion financière rurale
Explorez comment les banques de développement public et les leaders financiers élargissent l’accès au financement dans les zones rurales.
Combler l’écart : Comment les banques de développement publiques transforment l’inclusion financière rurale
« L’inclusion financière rurale fait référence à l’accès et à l’utilisation de services financiers abordables dans le contexte rural », a déclaré Carolina Trivelli lors de sa présentation, ancienne ministre du Développement et de l’Inclusion sociale du Pérou et chercheuse principale à l’Institut des études péruviennes.
De nombreuses communautés rurales n’ont toujours pas accès aux services financiers. Les banques de développement publiques (PDB) interviennent pour résoudre ce problème. Lors de deux groupes de travail de la plateforme Agri-PDB tenus les 28 et 29 avril 2025, des experts d’Asie-Pacifique, d’Amérique Latine et des Caraïbes ont partagé des solutions pratiques.
Session 1 – Amérique Latine (28 avril 2025)
Romy Calderón, Association Latino-Américaine des Institutions de Financement du Développement (ALIDE) a mis en évidence l’« exclusion territoriale », où les services financiers sont concentrés dans quelques villes, laissant les zones rurales à l’écart. Carolina Trivelli (Instituto de Estudios Peruanos) a souligné que l’inclusion nécessite de comprendre les clients et de réduire les coûts des services pour mieux desservir les zones rurales. Fredy Montés (FIRA, Mexique) a présenté la plateforme AgriTech, un outil numérique qui aide les banques à évaluer les agriculteurs ruraux qui ne disposent pas des documents financiers habituels. Manuel Layseca Nettles (COFIDE, Pérou) a décrit les groupes d’épargne « UNICAS » soutenus par COFIDE, qui offrent une éducation financière et un soutien pour les petites entreprises.
Session 2 – Asie-Pacifique, Caraïbes (29 avril 2025)
Prasun Kumar Das, Association Asie-Pacifique de Crédit Ruraux et Agricoles(APRACA) a souligné les défis de la fourniture de services financiers dans les zones rurales en raison des coûts élevés et des longues distances. Carolina Trivelli a mis en lumière l’importance de l’inclusion financière comme moteur de la croissance économique et un outil pour réduire la pauvreté et les inégalités. M. Anderson, Corporation de Financement du Développement(DFC Belize) a partagé des informations sur le programme de prêts « Empowered », où 77 % des participants étaient des femmes. Il a expliqué que les prêts sont structurés autour des cycles de revenus des emprunteurs, ce qui les rend plus faciles à rembourser. Kuy Panha, Banque de Développement Agricole et Rurale (ARDB Cambodge) a discuté des principaux défis du Cambodge, tels que la faible littératie financière et la dépendance aux garanties. ARDB utilise des outils numériques pour améliorer l’accès au crédit pour les populations rurales mal desservies. James Marc de Sousa, Fonds International de Développement Agricole (FIDA) a salué les PDB pour la fourniture de services publics essentiels. Il a appelé à des stratégies financières inclusives et à une innovation continue pour renforcer la résilience et soutenir les communautés rurales.
Session 3 – Afrique francophone (25 juin 2025)
Cette session a mis en lumière des innovations en matière de finance inclusive en Afrique du Nord, avec un accent particulier sur le Maroc.
M. Abdelouahab Boushaba, Directeur Général Adjoint du Crédit Agricole du Maroc, a présenté Tamwil El Fellah (TEF), un mécanisme de financement spécialisé qui cible les petits exploitants agricoles généralement exclus du système bancaire formel. TEF comble le « maillon manquant » en offrant des prêts à long terme avec peu de garanties, un accompagnement de proximité sur le terrain, et des outils digitaux pour intégrer les clients.
Depuis 2008, TEF a financé plus de 106 334 agriculteurs et 117 coopératives dirigées par des femmes, mobilisant plus de 4,6 Milliards de Dirhams d’investissements dans les zones rurales. Son impact repose sur une forte collaboration public-privé avec le ministère de l’Agriculture du Maroc, les autorités de régulation et des agences internationales de développement.
Lors de la session de questions-réponses, M. Boushaba a précisé que, bien que TEF ne demande pas de garanties traditionnelles, l’institution présente un bon taux de remboursement et utilise un fonds de stabilisation prudentiel pour gérer les risques de manière durable. Son message clé : « Notre objectif est le développement, pas le profit. »
Xavier Marc Desmoulin, expert régionale en finance rurale au FIDA, a clôturé la session en soulignant que l’inclusion réelle exige d’adapter les modèles économiques, les outils et les canaux de distribution aux besoins de chaque segment. Il a salué la stratégie de segmentation du CAM et insisté sur l’importance de la proximité, de l’éducation financière et d’une analyse de crédit adaptée. Selon lui, « l’inclusion ne passe pas seulement par les services, mais aussi par la manière dont on les délivre. »
Une vision partagée
Malgré les défis tels que le coût, les écarts technologiques et la faible littératie financière, les PDB créent un réel changement. Que ce soit grâce à des outils de crédit par satellite, des prêts axés sur les femmes ou des épargnes communautaires, ces institutions s’adaptent et innovent. Trivelli a déclaré : « Les solutions doivent s’adapter au contexte. » Ensemble, elles construisent un avenir plus solide pour les communautés rurales.