Formation technique TAPE : résumé de la session de la Plateforme Agri-PDB
La Plateforme Agri-PDB et la FAO ont organisé des sessions de formation technique sur l’outil TAPE, qui aide les banques publiques de développement (BPD) à appliquer les principes de l’agroécologie dans leurs décisions de financement et à promouvoir une finance rurale résiliente et positive pour la nature.
Les 16 et 23 juin 2025, la Plateforme Agri-PDB a organisé une session de formation technique dédiée à la méthodologie TAPE (Tool for Agroecology Performance Evaluation), un cadre puissant conçu pour mesurer la performance agroécologique des projets et portefeuilles agricoles.
Cette session, tenue en anglais et en français afin de garantir l’inclusion, a réuni des voix de l’ensemble du réseau Agri-PDB, avec la participation de diverses régions, notamment FINAGRO, LNDC Lesotho, CDCB Bénin, LBA Sénégal et CAM Maroc, qui ont partagé des expériences de terrain et des étapes pratiques pour adapter TAPE aux opérations des banques publiques de développement (BPD).
Aller au-delà des enquêtes ponctuelles
Rémi Cluset (NSPD-FAO) a souligné l’importance de réaliser à la fois des enquêtes de référence (baseline) et de fin de projet (endline), et non de se limiter à des instantanés uniques. Il a expliqué que de nombreux projets manquaient de budget ou de prévoyance pour inclure des évaluations de suivi, mais que la tendance évolue désormais. « Les nouveaux projets intègrent à présent des lignes budgétaires pour des cycles d’évaluation complets, a-t-il indiqué, ce qui est essentiel pour mesurer l’évolution dans le temps. »
🎯 Précision dans la collecte des données
Rémi a également partagé des enseignements sur l’amélioration de la conception des questionnaires : « Nous allons vers des questions plus précises, en ajoutant des menus déroulants, en clarifiant les pratiques et en personnalisant les outils aux objectifs de chaque projet. » Il a insisté sur le fait que, si 90 % des questions restent communes aux projets, l’adaptation est la clé pour capter des données réellement pertinentes.
Principaux enseignements et réflexions
Aligner l’évaluation sur les objectifs agroécologiques
Juan Pablo Espinosa (FINAGRO) a mis en avant la nécessité d’intégrer les dimensions agroécologiques dans les cadres de suivi-évaluation des projets. « Nous ne nous intéressons pas seulement aux retours financiers, a-t-il noté, mais aussi aux résultats de durabilité — biodiversité, santé des sols et transitions écologiques doivent être suivis en parallèle des indicateurs économiques. »
🧪 Enseignements approfondis de la session francophone
Lors de la session en langue française, le CDCB (Bénin) a soulevé des questions concrètes sur la mesure de :
- l’impact de l’agroécologie sur la dégradation des sols
- les gains de revenu perçus
- la sécurité alimentaire
- la biodiversité
- et, en particulier, l’empreinte carbone au niveau des exploitations, sans recourir à des outils coûteux.
En réponse, Rémi Cluset a indiqué que la FAO travaille activement à l’intégration de l’estimation de l’empreinte carbone via des outils tels qu’EX-ACT et NEXT. Si une précision fine peut exiger des instruments spécialisés, des approximations sont possibles et des méthodologies conviviales sont en cours d’élaboration en collaboration avec des experts de la FAO.
Cluset a aussi détaillé de nouveaux indicateurs de biodiversité en développement et a rappelé que la sécurité alimentaire est déjà saisie via l’Food Insecurity Experience Scale (FIES) de la FAO, un outil internationalement validé de 8 questions.
« Notre objectif est de faire en sorte que les résultats de TAPE soient non seulement utiles pour l’apprentissage interne, mais aussi suffisamment crédibles pour faciliter l’accès aux financements verts. »
Il a noté que la Commission européenne encourage désormais l’utilisation de TAPE dans ses projets d’agroécologie financés — un solide gage de sa pertinence et de sa crédibilité.
Défis d’adaptation de l’outil
🧠 Quand la complexité rencontre la réalité
Olivier Pierard (Plateforme Agri-PDB) a reconnu la difficulté d’adapter un outil technique comme TAPE aux modèles économiques réels des banques agricoles. « Tout l’enjeu, a-t-il dit, est d’aligner un cadre d’évaluation global sur la diversité des structures opérationnelles des BPD. » Il a néanmoins exprimé son optimisme et sa volonté d’accompagner les banques dans ce processus d’adaptation.
🤝 Collaboration et prochaines étapes
La session de formation s’est conclue par un appel appuyé à la poursuite des échanges entre pairs. Thierry Latreille (Plateforme Agri-PDB) a invité les participants à rassembler les questions restantes et a proposé des réunions de suivi pour approfondir la collaboration.
Pour appuyer l’application sur le terrain, des études de cas du Bénin ont été partagées, incluant une note de synthèse et un rapport complet de la FAO détaillant la méthodologie, les indicateurs et les enseignements tirés de plusieurs enquêtes menées sur place.
Message final
L’outil TAPE est plus qu’un instrument de diagnostic : c’est un socle commun pour faire avancer la transition agroécologique. Grâce à l’apprentissage entre pairs, à une adaptation pragmatique et à une crédibilité internationale, le réseau Agri-PDB se positionne comme un chef de file d’une finance rurale durable et inclusive.
À mesure que les banques intègrent l’agroécologie dans leurs portefeuilles, des outils comme TAPE deviennent essentiels pour mesurer ce qui compte — de la résilience au niveau des exploitations à la biodiversité, à l’équité et à la performance environnementale.
La plateforme Agri-PDB ne se contente pas de renforcer ses propres capacités. Elle contribue à façonner un avenir plus résilient, inclusif et durable pour la finance rurale.
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