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Biodiversité

Événement d’apprentissage du FIDA et de la Plateforme Agri-PDB : Financer une agriculture favorable à la nature – Que peuvent faire les banques publiques de développement

Le FIDA et la Plateforme Agri-PDB explorent comment les banques publiques de développement peuvent financer une agriculture favorable à la nature grâce à des outils pratiques, des partenariats et des études de cas.

Événement d’apprentissage du FIDA et de la Plateforme Agri-PDB : Financer une agriculture favorable à la nature : que peuvent faire les banques publiques de développement

3 décembre 2025 | Rome, Italie 

Introduction

S’appuyant sur notre dernière session consacrée à l’agroécologie, cette session examine comment les banques publiques de développement peuvent financer une agriculture favorable à la nature. L’agroécologie constitue l’un des principaux leviers de l’agriculture favorable à la nature, et cette présentation montre comment les BPD peuvent traduire ces pratiques — ainsi que d’autres pratiques plus larges favorables à la nature — en stratégies de prêt concrètes, tout en réduisant les risques pour la biodiversité dans le cadre des investissements agricoles. Organisé en ligne le 3 décembre 2025 par la Plateforme Agri-PDB et l’équipe Biodiversité du FIDA, ce premier webinaire de la nouvelle série sur la biodiversité a exploré la manière dont les banques publiques de développement (BPD) peuvent accélérer la transition vers une agriculture favorable à la nature. La session a réuni des représentants du FIDA, de l’Agence française de développement (AFD), de la Development Bank of Southern Africa (DBSA) et de la Banque nationale de développement économique et social du Brésil (BNDES) afin de partager des approches pratiques, des outils et des mécanismes financiers pour intégrer la biodiversité dans le financement agricole.

Contexte

En ouverture de la session, la Plateforme Agri-PDB a souligné que l’agriculture favorable à la nature constitue désormais l’une de ses priorités centrales, compte tenu de son importance pour la sécurité alimentaire, la santé des sols, la qualité de l’eau et la résilience climatique, dans la continuité des discussions précédentes sur l’agroécologie.

Matthieu Le Grix (AFD) a mis en avant l’engagement de l’AFD à mobiliser au moins 1 milliard d’euros par an en faveur de la biodiversité et a présenté son système de notation biodiversité aligné sur les critères du Comité d’aide au développement (CAD) de l’OCDE, ainsi que ses systèmes de comptabilisation quantitative. L’AFD soutient les pratiques agroécologiques et favorables à la biodiversité à travers une approche pragmatique et progressive, reconnaissant que les transitions doivent être adaptées aux contextes locaux. Cette approche repose sur un cadre structuré — disponible en anglais, français et espagnol — qui classe les projets selon leur niveau de contribution à la transition agroécologique et aux objectifs de biodiversité (voir documents ci-dessous). L’AFD a également souligné la nécessité d’outils pratiques de suivi, en présentant la carte ABC développée avec la FAO, et a mentionné les travaux en cours visant à aligner ses opérations sur le Cadre mondial de la biodiversité (GBF). En pratique, l’AFD travaille en étroite collaboration avec les banques publiques de développement nationales pour traduire ces principes en outils opérationnels. Un exemple est le partenariat de long terme avec FIRA (Mexique), qui vise à transformer les pratiques agricoles, promouvoir des projets d’investissement verts et durables, et renforcer la capacité de l’institution à servir les zones rurales vulnérables aux pressions climatiques et socio-économiques. Ce partenariat combine des lignes de crédit (plus de 140 millions USD au cours de la dernière décennie), des subventions d’assistance technique et des subventions à l’investissement afin de créer des conditions de financement favorisant l’adoption de l’agroécologie. Un autre exemple est la collaboration avec le Crédit Agricole du Maroc (CAM), axée sur des investissements améliorant la gestion de l’eau, l’efficacité énergétique et l’agriculture biologique — des leviers clés pour l’agroécologie et la protection de la biodiversité.


Source : AFD – Méthodologie Nature+ Finance

Pourquoi la biodiversité est-elle essentielle pour les banques publiques de développement ?

Marie-Aude Even (FIDA) a souligné que la biodiversité soutient des fonctions agricoles essentielles — de la santé des sols à la régulation de l’eau, en passant par la résilience climatique — et que sa dégradation crée des risques financiers directs pour les agriculteurs et les prêteurs. Pour les BPD, investir dans la biodiversité peut réduire le risque de crédit, diversifier les portefeuilles, s’aligner sur les politiques publiques et faciliter l’accès aux financements climatiques mixtes et aux partenariats internationaux. Au-delà de la gestion des risques, l’investissement dans la nature offre des rendements économiques concrets et attractifs à différents niveaux. À l’échelle des exploitations, l’agrobiodiversité contribue à hauteur d’environ 150 milliards USD par an à la productivité et à l’innovation. Tout au long des chaînes de valeur, le marché des bio-intrants devrait tripler pour atteindre 22 milliards USD d’ici 2033, ouvrant l’accès à des marchés à plus forte valeur ajoutée. À l’échelle des écosystèmes, chaque dollar investi dans la restauration peut générer entre 7 et 30 USD, tandis que la restauration des mangroves pourrait générer plus de 65 milliards USD. Les solutions fondées sur la nature pourraient également créer environ 50 millions d’emplois d’ici 2030. Du point de vue climatique, les investissements dans la nature peuvent accroître la capacité d’adaptation de 40 à 60 % et offrir un point d’entrée direct vers les marchés croissants du financement climatique.

Matthew Mather (FIDA) a ensuite présenté des pistes concrètes pour intégrer la biodiversité dans les opérations des BPD. En prenant l’irrigation comme exemple, il a montré comment les banques peuvent s’appuyer sur des investissements agricoles traditionnels et climato-intelligents pour générer : i) des bénéfices pour la biodiversité au niveau des exploitations (gains rapides tels que les haies le long des canaux d’irrigation) ; et ii) des bénéfices à l’échelle des écosystèmes (protection des zones humides et des zones naturelles de recharge, nécessitant une coordination à l’échelle du paysage). Il a souligné deux approches complémentaires : financer vert (réduire les impacts négatifs sur la biodiversité dans les portefeuilles) et verdir la finance (déployer des investissements favorables à la nature). Le verdissement de la finance inclut notamment l’intégration de la biodiversité dans les listes d’exclusion, l’utilisation d’outils spatiaux comme la carte ABC, le renforcement du suivi par télédétection et l’intégration de la hiérarchie d’atténuation dans les systèmes ESMS.

Pour le financement vert, Matthew a présenté un éventail d’instruments financiers — du plus simple au plus avancé — pour soutenir les petits exploitants, les PME et les acteurs de la bioéconomie : lignes de crédit vertes et conditions préférentielles, garanties partielles de crédit, et véhicules de financement mixte avec tranches concessionnelles. Il a conclu en décrivant les BPD comme des intégrateurs de systèmes chargés de :

  • Construire des pipelines de projets bancables favorables à la nature ;
  • Combiner capitaux publics et privés pour réduire les risques ;
  • Associer financement, assistance technique et accès aux marchés.

Expériences des BPD – DBSA et BNDES

Development Bank of Southern Africa (DBSA)

Mookho Mathaba (DBSA) a mis en avant les efforts innovants de la banque en matière de solutions fondées sur la nature, combinant biodiversité et infrastructures. Les initiatives présentées incluent l’intégration du capital naturel — notamment l’eau — dans les systèmes de tarification, ainsi que des programmes d’élimination des espèces invasives pour préserver les ressources hydriques. Deux exemples ont été détaillés : la construction d’un barrage conçue parallèlement à des mesures de conservation des zones humides, et un projet de drainage des eaux pluviales exploitant les capacités naturelles d’absorption pour réduire les coûts d’infrastructures grises. Ces initiatives illustrent l’engagement de la DBSA en faveur d’investissements positifs pour la biodiversité.

 

BNDES (Brésil)
Nabil Moura Kadri a présenté l’agenda biodiversité de longue date du BNDES, depuis la création du Fonds Amazonie en 2009 jusqu’au Programme de restauration écologique lancé en 2025. Le BNDES soutient la restauration écologique et les modèles agroforestiers, en mobilisant environ 100 millions USD par an via un fonds socio-environnemental. Le programme Sertão Vivo, développé avec le FIDA et le GCF, a été présenté comme un exemple de financement vert incitatif.

Principaux enseignements pour les banques publiques de développement

  • Intégrer la biodiversité dans les décisions financières.
  • Déployer des investissements favorables à la nature via un soutien intégré.
  • Renforcer la coopération au sein de l’écosystème.
  • Construire l’argumentaire économique en faveur de l’agriculture favorable à la nature.
  • Aborder conjointement la nature et le climat.

Conclusion

Le webinaire a confirmé que l’agriculture favorable à la nature est à la fois une nécessité et une opportunité pour les BPD. Sa mise en œuvre requiert des outils pratiques, des produits financiers flexibles et des partenariats solides. La Plateforme Agri-PDB poursuivra cette série sur la biodiversité en 2026.

Cliquez ici pour accéder à l’enregistrement et aux présentations.